mardi 19 octobre 2010

D'APRES BLOTTER DE PETER DOIG





Écrire un texte d'après cette œuvre du peintre Peter Doig.
S'inspirer du tableau, sans s'y enfermer mais au contraire en ouvrant toutes les portes qu'il peut ouvrir.
Partir de l'atmosphère générale du tableau, du personnage, de ce qui se cache derrière la forêt, d'un détail, une couleur, une branche couverte de glace...







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Que cherche-t-elle figée par son reflet ?
N’a-t-elle pas vu le ciel, griffé par les grands arbres nus ?
Attend-elle de s’enfoncer dans son image ?
Est-elle à l’affut du meilleur endroit pour creuser un trou et pêcher ?
NON !
Elle guette le nombril du monde que l’on ne voit que quand la terre noire et épaisse laisse la place à la glace lumineuse. Mais son regard est arrêté par son nombril à elle qui se reflète dans le miroir glacial.
Si j’osais……………
Je descendrais sur la glace, je l’entrainerais dans la danse de la vie, je lui raconterais les ruisseaux qui continuent de courir sous la glace profonde ; les nuages qui effacent le sillage des oies sauvages ; le soleil fidèle à sa course céleste même s’il ne réchauffe pas.
Comment lui expliquer que ce qu’elle cherche sous ses pieds, c’est en levant les yeux qu’elle le trouverait ; que la lumière de la glace est dans celle des astres ; que son image glacée risque de l’absorber au point de faire disparaitre la forêt qui l’entoure, d’anéantir l’horizon, de la réduire à un point autour duquel s’enroule l’univers.

mercredi 13 octobre 2010

SIX PARFUMS

Sur la table, dans des soucoupes, sont disposés des grains de café, des bâtons de cannelle, des fleurs de camomille, de la chicorée, des feuilles de menthe et du thé au jasmin.
Ecrire un texte à partir de l'une de ces odeurs et de ce qu'elle évoque.

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Je me lève et la première chose que je fais, c'est prendre un café. En pensant à lui. Forcément. Je me dis : encore un matin dans l'absence. Que fait-il en ce moment ? Pourvu que tout se passe bien.
Je sais qu'il n'accomplit pas le geste forcément en même temps que moi ; je l'imagine cependant.
Et je me demande combien de temps il arrivera à durer tout seul, combien de temps je n'entendrai plus parler de lui.
Je m'assieds à la table de la cuisine avec ma tasse. Je bois. Je pense que je n'aime pas le café, trop âcre, trop amer malgré le morceau de sucre.
Je pense à lui. Je ne suis pas tranquille. Il vit je ne sais où, de je ne sais quoi, il est peut-être en danger. Sûrement, même. Je ne suis sûre que d'une chose à son sujet : là où il est, il boit du café. Il en boit toute la journée mais sa bouche continue de rester sèche.

mercredi 6 octobre 2010

LA LETTRE

A partir de cette photo, extraite d'un recueil de photographies sur les premiers congés payés, écrire une lettre.
Choisir l'un des quatre personnages qui écrira à une personne de son choix. Le sujet de la lettre est libre tout comme le ton : drôle, émouvant, cynique, dramatique...



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Argenteuil, novembre 1979



                                   Georges, mon cher ami,


Il y a si longtemps………Peut-être ne te souviens tu pas de moi. Mais nos premiers congés payés ont sûrement laissé une place de choix dans tes souvenirs.
Quelle aventure ! Quitter l’usine et prendre la route sur nos motos avec nos compagnes d’un jour qui sont devenues nos compagnes de toujours.
C’est moi qui avais eu l’idée de partir vers la Normandie.
C’est toi qui avais eu l’idée de nous munir d’une toile de tente, alors que nous pouvions être logés dans la ferme de mes cousins. Quelle idée. Je crois que nos familles nous trouvaient un peu fous.
Je me souviens du mal que nous avions eu à l’installer solidement à cause du vent qui s’était levé. Heureusement que tu étais débrouillard, tu nous as été d’un grand secours. Depuis cette année là, pas une fois je ne me suis installé l’été au camping avec mes enfants sans penser à toi.
Je me souviens de notre fou rire le premier soir quand Lisette et Martine ont pris peur à cause des bestioles qui avaient pris possession de notre château de toile. Et la fois où un âne avait puisé dans nos réserves !!!........
Et nos premiers bains de mer……..quelle rigolade quand les vagues nous renversaient. Je peux maintenant t’avouer que j’avais un peu peur puisque je ne savais pas nager.
Je me souviens aussi de notre retour ; je me sentais fier d’avoir découvert la liberté, la vie dans la nature. J’étais un pionnier. Fort de cette expérience rien ne serait jamais plus comme avant, même si le travail, lui, ne changeait pas.
Tu dois te demander pourquoi je viens ce soir te rappeler tout ça alors que nous avons atteint l’age où les souvenirs s’échappent laissant un grand vide dans nos têtes.
Hélas, c’est ma Lisette qui laisse un grand vide dans ma vie. Elle m’a quitté le mois dernier et j’ai enfin eu le courage de ranger ses affaires. J’ai alors retrouvé les photos, soigneusement conservées, des moments importants de notre vie. Parmi elles se trouvaient celles de nos premières vacances.
Je joins à cette lettre celle où nous posions tous les quatre devant notre campement avec chacun notre chérie sur les genoux. Si je me souviens bien nous avions demandé au facteur qui passait par là tous les jours de nous photographier.
J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé, toujours accompagné de la belle Martine et que l’évocation de ces beaux souvenirs te fera sourire comme moi, malgré la peine que j’ai à me retrouver seul.


                                                            Ton fidèle ami André

Françoise Bourdon
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Toulon 31 juillet 1936
Ma soeurette,
Comment te dire? Te dire avec des mots. Des mots pour voir. Des mots pour sentir.
Pierre et moi sommes si heureux qu'il n'existe pas de mots pour dire ce bonheur là.
Un bonheur si grand que même ,des fois, il m'empêche de respirer.
Je crois que si un jour je croise ce Monsieur Blum, tout président qu'il est je l'embrasserais comme
du bon pain pour le remercier.
Tu te rends compte , des vacances! Des vacances avec du vrai temps, rien qu'à nous, du temps
gratuit aux frais du patron!
Des fois je me pince et je me dis « tu vas te réveiller, tu vas te réveiller »
Mais je ne dors pas soeurette, je ne dors pas. Ah ça non!
J'ai même les quinquets bien ouverts pour ne rien perdre, rien, pas une once, pas un brin, pas une
goutte rien de rien.
Ne rien perdre et tout bien garder dans ma mémoire pour quand je serai triste ou fâchée ou que je
croirai avoir oublié.
La mer ,soeurette, la mer , si tu savais. La mer, quand on l'a vue pour de la vrai, on ne peut pas
l'oublier, jamais.
La mer c'est de l'eau vivante. Elle parle la mer.
C'est sa voix d'abord que j'ai entendue.
Tu te souviens quand maman nous la faisait écouter dans le gros coquillage nacré qui était sur la
table basse du salon? Depuis, elle n'avait jamais quitté mon oreille. Toujours nichée là.
On a marché longtemps dans le sable pour la trouver et soudain j'ai su qu'elle était là, tout prés.
J'ai entendu sa rumeur et mon coeur s'est mis à battre, battre. Tu sais comme il bat quand on est
amoureux.
Elle était là, là, devant moi, dans l'éblouissement du soleil
Si grande soeurette, si grande. Et si bleue soeurette, si bleue. Non, pas seulement bleue.
Verte et violette et noire aussi et pleine de mouvement et de bruit. C'est une respiration lumineuse la
mer, qui t'emmène jusqu'à l'horizon.
Qui a dit que les rêves n'étaient que des rêves? Tu sais toi combien j'en ai rêvé de voir la mer, d'être
là debout, contre elle.
Et puis voilà, ca y est, j'y étais. Elle et moi Pas dans un rêve. Là , dans la vie. Dans ma vie.
Alors j'ai pleuré, pleuré sans pouvoir m'arrêter.
Pierre était tout bêta. Au lieu de rire, de battre des mains, de sauter de joie là voilà qui pleurait!
Alors après avoir longtemps pleuré et l'avoir longtemps regardée jusqu'à ce que mes yeux brulent
je m'y suis plongée dans la mer, roulée dans la mer, vautrée dans la mer, noyée dans la mer.
Et même je l'ai bue..
Je te confirme elle est salée, très salée!
Rejoins nous vite ma soeur adorée. Rejoins nous vite.
Pour y goûter.
Simone

L. B.


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