lundi 22 novembre 2010

LES MOTS DE LA METEO

Ecrire un texte de forme libre à partir d'un petit papier tiré au hasard et portant le nom d'un phénomène météorologique : pluie, neige, soleil, orage, brume, vent...

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Entre le ciel et la terre brune...

Je n’ai jamais su si du ciel tombe la brume ou, si de la terre s’échappent les volutes fumeuses.
Les écharpes aériennes s’accrochent aux touffes herbeuses, hésitant à ensemencer la terre ou à se dissoudre dans l’espace.
A surprendre dans leur ballet ces créatures mi célestes, mi terrestres, nous avons commencé à croire aux elfes.
J’aime cette gaze mouvante qui donne au paysage cette lumière humide et capricieuse. Au gré de ses vagues elle laisse apparaitre et disparaitre le contour du monde.
Malgré le pressant soleil qui s’annonce, j’ai l’impression de n’avoir pas été chassée de l’univers onirique de mes nuits.
Enveloppée de brume, je plane entre le ciel et la terre brune.


Francoise Bourdon



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              Le Soleil




Premier tableau


Sous l'astre âpre
Et cru


Une place blanche
Terrible
Et nue


Une forme noire
S'avance


Sous ce blanc


Et la voilà
Elle la femme
De nuit


Qui crie
Et qui
Tombe


Qui tombe
Et qui crie


Sur la place
Se mêlent


Le blanc le noir
Et le rouge

mardi 16 novembre 2010

LE FIL


Juste un mot : le fil
Fil du rasoir, fil à retordre, fil de l'eau, fil à la patte, fil de pêche...

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O ma dérive
Sur le rasoir
Attention à la chute
Cœur funambule
Sans armature

À la plongée
Dans les marais rouges
Où errent les fantômes
Aux miroirs réfractés
Que tu regardes
De l'autre côté

Là où des cœurs
Comme des cailloux
Dans les espaces insondables
Explosent en larmes
De sang

mercredi 10 novembre 2010

PORTRAIT

"Victor a disparu depuis dix jours. Le jeune garçon, âgé de 9 ans, mesure 1m35, a les cheveux châtain clair très courts et les yeux verts.
Il a été vu la dernière fois le 23 novembre en fin d'aprés-midi, sortant du gymnase Alain Fournier à Paris XIVe où il pratique le hand-ball.
Il portait un jean noir, un blouson bleu ciel et des baskets grises de marque Puma."


Faire le portrait de l'enfant disparu.

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La compagnie des autres enfants semblait lui être parfaitement indifférente. Mais je ne le crois pas.
Les enfant peuvent être méchants entre eux vous savez. Je crois que Victor s'en protégeait
beaucoup. Son indifférence apparente c'était plutôt une carapace.
Il dessinait aussi, énormément. Des dessins de mer bleue pleine de poissons multicolores, de grands
ciels et de soleil rouge.
Ah oui! Il aimait chanter! Il chantait d'ailleurs très bien. Une voix juste et claire.
Quand il est arrivé dans ma classe, je n'ai pas entendu le son de sa voix de plusieurs semaines;
C'était son regard qui parlait.
Ses yeux pouvaient brusquement comme la mer avant la tempête passer d'un vert étal à un gris
orageux.
Je ne l'ai vu pleurer qu'une seule fois. Jamais je n'ai su pourquoi.

L. B.
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Dans la classe de Mademoiselle D., rien ne permettait de remarquer Victor, à part ses yeux d'eau et de mystères. Ni plus petit, ni plus grand que la moyenne ; ni plus sage, ni plus agité que les autres. D'honnêtes résultats scolaires mais sans plus ; une discrétion aimable et souriante. Dans la cour, Victor se prêtait volontiers mais distraitement aux jeux de ses camarades de classe. Camarades qui appréciaient sa compagnie mais ne se rendaient pas toujours compte de son absence et ne cherchaient jamais à le rattraper lorsqu'il s'échappait du groupe, sentant bien qu'il n'y avait nulle place pour eux dans son monde de rêves.

Audition d'une des institutrice de Victor. Classe de CP

Je n'oublierai jamais le jour où Victor est entré pour la première fois dans ma classe.
Il a planté ses deux yeux verts dans les miens puis, lentement ,comme deux lasers lumineux , ils ont
balayé la pièce en s'attardant sur chaque visage.
Brusquement, il a lâché la main de son père et, sans un mot, décidé , est allé s'asseoir à la place
qu'il s'était choisi.
Celle, prés de la fenêtre.
Ce fut ma première rencontre avec lui.
L'école l'ennuyait indéniablement, mais il avait compris ses exigences et faisait les efforts
nécessaires pour s'y plier.
C'était un élève appliqué, intelligent. Mais les notes bonnes ou mauvaises semblaient n'avoir
aucune importance pour lui.
Quand il s'ennuyait trop, il se tournait vers la fenêtre, son éternel crayon mâchouillé, ébouriffé
comme un épouvantail dans la bouche, et regardait le ciel.
C'était un enfant solitaire. Je l'ai souvent observé dans la cour, pendant les récréations. Je ne l'ai
jamais vu jouer avec les autres.
Il marchait en rond, en marmonnant, absorbé dans un monde dont lui seul avait la clef.
Quand un jour je lui ai demandé ce qu'il faisait à marcher comme ça en rond . Il m'a répondu
comme une évidence « Je pense »
Victor, il vivait sur sa planète. Quand je le regardais je pensais à ce poème de Claude Roy ,
l'enfant dans la lune

L'enfant qui est dans la lune pourquoi le déranger. La lune est un endroit d'où l'on voit mieux.
Victor n'avait pas d'ami ce qui ne semblait pas l'attrister ; il donnait l'impression de vouloir garder à distance le tumulte extérieur. D'ailleurs, il préférait par-dessus tout rester seul dans sa chambre. Ni ses parents, ni ses frères, ni ses copains n'étaient bienvenus dans son domaine. À chaque intrusion, il glissait prestement sous son lit ce à quoi il était occupé.