jeudi 31 mars 2011

SAMEDI 21 H, CHRISTIANE SE DECOMMANDE

A partir d'un enregistrement de l'émission Micro Fictions sur France Culture, épisode 4/5 de Grand Ménage de Nathalie Kuperman, écrire un texte de forme libre en partant de l'hypothèse suivante : samedi 21 h, Christiane se décommande....

http://www.franceculture.com/emission-fictions-micro-fiction-grand-menage-de-nathalie-kuperman-45-2011-02-24.html

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Samedi 21h10, Marianne raccroche le téléphone
« Ah ! La salope, me laisser tomber comme ça à la dernière minute. « Trop de boulot » j’y crois pas, la musique guimauve en fond sonore évoquait plutôt le « plan cul ». Elle ne s’est même pas souciée du repas que je lui avais préparé ; elle ne se doutait quand même pas du plan William Saurin. Balayée de son agenda par un coup de fil à la sauvette. Mise au rancart. Flûte c’était moi qui devais orchestrer la mise à la poubelle. Il s’agit de mon grand ménage à moi quand même. Je ne veux pas du rôle de la vieille feuille chiffonnée qu’on lance dans la corbeille d’un geste nonchalant. »

mercredi 23 mars 2011

UNE QUESTION DE REGARD





Ecrire deux textes à partir de cette photo :
1 - Ce paysage est apaisant
2 - Ce paysage est angoissant






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Retrouvailles avec un village de Provence (1)

Aucune perspective. Le village accroché à sa colline, derrière  une autre colline. Pas d’horizon. Pas de ciel. Juste un soleil écrasant. Pas moyen de rester dehors sous peine de suffoquer. Une chaleur à tout transformer en poussière, la végétation va se dessécher, se rabougrir au fil de l’été cuisant. Les maisons soigneusement closes sur leur fraicheur. C’est accueillant tous ces volets fermés ; fermés sur des histoires, des rancunes, des désespoirs. Seule l’église n’a pas de volet, sans doute pour mieux voir et sonder les âmes.
Qu’est-ce que je viens faire ici, à quoi bon ce retour au pays pour m’enfermer dans l’ombre en attendant l’heure de sortir prudemment une chaise pour profiter de la fraicheur du soir sous l’œil attentif de tout le voisinage.

lundi 21 mars 2011

SUITE - PUSH DE SAPPHIRE

Ecrire une suite possible à l'extrait ci-dessous, en respectant le style et le niveau de langage.

Toute la classe se tait. Tout le monde me mate. Faut surtout pas que je chiale. Je respire par le nez, un grand coup, pis je me mets à marcher doucement vers le fond. Mais un machin comme des oiseaux ou une lumière me vole à travers le coeur. Et mes pieds s'arrêtent. Au premier rang. Et pour la première fois de ma vie je m'assieds au premier rang (et ça c'est bien parsque du fond j'ai jamais pu voir le tableau). J'ai pas de cahier, pas de thune. Ma tronche est une piscine olympique. Toutes les années, les mois flottant vissée collée honteuse à des pupites pendant que la pisse en flaque s'agrandit à mes pieds. Putain peut bien y avoir pas personne qui le sait, ma vie, mais c'est pas de la tarte pour moi d'être ici dans ct' école. Je regarde par en dessus la tête à la prof le mur. Y'a une photo d'une petite dame toute noire avec une tronche de pruneau et sapée comme dans l'ancien temps. Je me demande qui c'est. La prof à son bureau qu'écrit dans le registre des présents, elle a une robe violette et des baskets. Elle est très noire avec une belle gueule, des grands yeux et des tifs comme j'ai déjà dit. Ma mère aime pas les nègres qui se coiffent comme ça ! Ma mère dit que Farrakhan est pas mal mais qu'y va trop loin. Trop loin où ça que je voudrai y demander. Moi je sais pas ce que je pense des gens qui se coiffent comme ça.

Push de Sapphire, p. 58
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RETOUR DE L’ECOLE
Je me demande c’que je vais raconter à ma mère, je sais pas dire ce que je pense de cette école. C’est trop dur quand c’est nouveau. Parce que dans ma pauvre tronche y’a trop de vieux trucs qui m’engluent ; ça m’empêche de respirer et ça m’oblige à pas comprendre ce qui s’passe.
J’peux même pas lui dire que je m’suis posée au premier rang ça la f’rait marrer.
J’lui ai jamais dit le machin qui me vole des fois à travers le cœur elle m’prendrait pour une tarée. Pourtant c’est peut-être le seul truc de bien de ma putain de vie. C’est pas souvent que je les ai vus ces oiseaux mais chaque fois y m’ont fait un peu légère. Ça m’fait chialer de m’sentir scotchée à ma putain de vie. C’est pas de la tarte de vouloir s’en sortir.
Les autres filles j’les ai pas trop vues. Je m’demande c’qu’elle font là. J’aime pas qu’elles me regardent. Je sais pas si j’ai envie d’être avec elles.

 Françoise Bourdon
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Pas d'illuse à s'faire, c'est pas ici que je m'ferai des copines. Y'a qu'à les regarder me reluquer. Je me demande ce qu'a pensent. Même pas difficile à imaginer.
Qu'est-ce que j'fous dans cette classe.
La prof à son bureau dont j'ai causé arrive. Putain pourvu qu'a n'm'ait pas dégoisé queque chose. Ma tronche est pleine fromage blanc, ça va couler.
Si ça s'trouve, y va y avoir du spectacle. Regretteront pas d'être venus.

mardi 15 mars 2011

ELLIS ISLAND







Ellis Island, l'ïle aux larmes... des mois pour y arriver et peut-être se trouver refoulé. Ellis Island, symbole de l'exil, des grandes migrations, d'espoir et de désolation.
Données chiffrées, photographies, questionnaire du registre d'entrée... Des indices, des traces, des visages, des histoires, 16 millions d'immigrants.

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L'exilé

-         Pourquoi cet exil ?
-         L'espoir !
-         N'as-tu pas craint d'en mourir ?
-         Il fallait à tout prix tenir.
-         Et les tiens ? Ceux que tu laisses ?
-         Il valait mieux les oublier.
-         Ta famille, tes mais, tes aimés ?
-         Ne jamais se retourner.
-         Qu'est-ce qui t'a aidé à tenir ?
-         Une certaine idée de l'avenir.
-         Ta plus grande chance ?
-         Une santé à toute épreuve.
-         Ton pire souvenir ?
-         Des morts, des morts... à tous les étages.
-         Des rencontres ?
-         Les fantômes, qui, toutes les nuits, s'assoient sur mon ventre.
-         La vie était-elle si dure, là d'où tu venais ?
-         Comme au miroir de tes cauchemars.
-         Qu'as-tu trouvé là-bas, dis, mystérieux exilé ?
-         La solidarité.
-         Mais encore ?
-         Une certaine griserie d'avoir tenté de recréer... quelque chose... ailleurs... autre part...

mercredi 9 mars 2011

FAIT DIVERS

20 mai 2010, Tennessee, Etats-Unis


Incroyable : il se jette de sa voiture sur l'autoroute pour ne plus entendre parler sa femme.
Ce matin, un homme de 33 ans circulait en voiture sur l'autoroute avec sa femme et leurs trois enfants. Les deux adultes ont commencé à se disputer, puis l'homme a demandé à la femme de se taire. La femme ne s'est pas exécuté, alors l'homme a préféré sauter de la voiture en marche.
Il a été transféré à l'hôpital dans un état grave mais stationnaire.

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Ecoute bien...

Ils lui avaient tous dit la même chose, médecins, infirmières, tous, : parlez lui. Parlez lui, c'est la meilleure façon de le stimuler. Nous ne pouvons garantir à 100% qu'il vous entende mais parlez-lui. Le coma est une chose mystérieuse. Il n'y a rien à faire qu'attendre. Ne perdez pas espoir. Parlez lui.

S'ils avaient su...

Elle entend encore ses hurlements dans la voiture « Je peux plus entendre ta voix, ta putain de voix. Je peux plus la supporter. Si tu dis encore un seul mot, je me jette par la portière. »
Et elle avait crié « Mais vas-y, vas-y»
Quel con.
Elle, elle s'en était tiré avec des contusions et un bras cassé, un vrai miracle.

Elle entre dans la chambre de l'hôpital. Georges, son mari est couché, les yeux clos. Il est relié par des tubes et des fils à des machines et des écrans où des lignes frétillent, zigzaguent, oscillent.
On se croirait dans Urgences, voilà ce qu'elle pense. Urgences, sa série télévisée préférée avec Georges Clooney.