lundi 14 février 2011

MARABOUT

Visions, prédictions, solutions... Que vous inspire ces promesses marabouteuses ?

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Ligne 9. 18 h 30.

J’ai réussi à m’asseoir. Ouf.

À ma droite deux grosses cuisses qui ont bien du mal à se contenir dans l’espace qui leur est normalement réservé.
Stoppées par la paroi d’un côté, elles n’ont d’autre choix que de s’abandonner contre ma jambe. Elles se trémoussent en cadence.
À ma gauche, un dos et son sac. Il est debout dans l’allée. Collé-serré. Ce postérieur pourrait sembler confortable. Mais non.
Au rythme des départs et des arrêts, il ballotte et tente d’entamer une petite valse avec mon crâne. Nous n’avons pas même pas été présentés…

mardi 8 février 2011

REVENIR

Quelqu'un revient après de longues années d'absence durant lesquelles il n'a donné de nouvelles à personne.
Rédiger un texte en sept parties correspondant aux sept jours de la semaine du retour.


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1er Jour

Les flics m’ont retrouvé sur le bord de la route. En vrac. C’est toujours comme ça depuis que je fugue. De temps à autre j’en ai assez de courir les routes, alors je me fais cueillir. Histoire de trouver une place au chaud.

Au commissariat ce sont ces portraits affichés au mur qui m’aident à  trouver une identité.
Enfants disparus, volatilisés, évanouis.
Leurs yeux me fixent.
Je dévisage. Je choisis.
Ma nouvelle vie est là. Grâce à eux.

Aujourd’hui, je m’appelle Thomas Lasalle. J’ai 15 ans.
Ma mère s’appelle Denise. Mon père, André.
J’ai disparu depuis  4 ans.
Me voilà. Je suis de retour.

samedi 5 février 2011

LOGORALLYE 1

Rédiger un texte comprenant les mots suivants : frottement, billes, renifler, langue, ortie, menteur.
Peu importe l'ordre dans lequel ils apparaissent. Les noms peuvent varier en genre et en nombre et les verbes se conjuguer.

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LES ORTIES

Il l'avait d'abord traité de menteur. De toute façon, il ne le croyait jamais. Puisqu'il passait son temps lui-même à ne pas dire la vérité, il ne puvait imaginer que les autres soient différents.
Il était allé au jardin où il avait cueilli des orties à pleines poignées; apparemment la douleur n'avait pas eu de prise sur lui. Ses mains n'étaient même pas rouges.
En revanche, les cloques avaient bientôt recouvert les membres de mon frère. Le frottement avait dû être insupportable, le cueilleur d'orties n'y étant pas allé de main morte.
Le petit avait gigoté. En vain.
Le père avait sué et ses yeux avaient roulé dans ses orbites comme des billes.il avait tiré la langue avec jubilation.
Mon frère, tout honteux, avait reniflé.
C'est tout ce qu'il avait pu faire ce soir-là, avant d'aller se coucher sur ordre.

Bernadette Behava

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Les poules courraient dans la pâture, dont l’accès était interdit à la petite fille. Elle était trop petite pour fermer correctement le loquet.
Néanmoins, chaque matin elle avait le privilège d’accompagner son grand-père pour lever les œufs. Elle guettait alors le bruit du frottement des mains calleuses du vieil homme sur les délicates coquilles.
Etrangement ce moment passé dans cet enclos soigneusement grillagé lui procurait un sentiment de liberté. Pour elle, un peu trop ronde et plutôt maladroite, courir sur ce terrain pentu était grisant ; elle était enfin légère, prête à défier les lois de la pesanteur.
Bien entendu, il y avait toujours un adulte sentencieux qui lui rappelait de ne pas courir trop vite, de ne pas aller jusqu’au bas de la pâture. Mais quelle ivresse de se sentir aérienne !
Jusqu’au jour où elle a trébuché sur une racine et a lourdement chuté ; elle a alors roulé comme une bille de plomb jusqu’au bas du pré. Sa course folle s’est arrêtée dans le fossé qui bordait le grillage. Aucun adulte ne l’avait avertie que dans ce fossé poussaient de solides orties. En se débattant pour sortir de son piège elle a senti leurs langues de feu sur ses jambes et ses bras potelés.
Vexée et reniflante mais sans une larme elle a rejoint son grand-père.
Sans un mot il a caressé les joues de la fillette. Elle a été surprise par la douceur du geste et a pensé aux mains menteuses de sa mère qui, malgré une peau de velours, avait un contact sec et dur.

Françoise Bourdon

jeudi 3 février 2011

D'APRES "LES DEUX FRIDA"





Rédiger un texte à partir de ce que vous inspire ce tableau de Frida Khalo.












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Le ciel est de traîne. C’est après l’orage… ou avant. Qui sait ?
Le temps est lourd. Chargé.

Elle est comme ça, ma mère. Voute céleste plombée.

Nous avons des traits  en commun. Les liens du sang.
Quand on m’en fait la remarque, je déteste.
Alors quand on en vient à ajouter en toute impunité que j’ai  la même voix ou le même rire, j’ai des envies de meurtre.

Elle me tient encore et toujours. Elle ne lâche rien.
Ni la main, ni le cœur ; elle nous a branchées.
Cathéter des deux côtés. Perfusion permanente.