lundi 22 novembre 2010

LES MOTS DE LA METEO

Ecrire un texte de forme libre à partir d'un petit papier tiré au hasard et portant le nom d'un phénomène météorologique : pluie, neige, soleil, orage, brume, vent...

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Entre le ciel et la terre brune...

Je n’ai jamais su si du ciel tombe la brume ou, si de la terre s’échappent les volutes fumeuses.
Les écharpes aériennes s’accrochent aux touffes herbeuses, hésitant à ensemencer la terre ou à se dissoudre dans l’espace.
A surprendre dans leur ballet ces créatures mi célestes, mi terrestres, nous avons commencé à croire aux elfes.
J’aime cette gaze mouvante qui donne au paysage cette lumière humide et capricieuse. Au gré de ses vagues elle laisse apparaitre et disparaitre le contour du monde.
Malgré le pressant soleil qui s’annonce, j’ai l’impression de n’avoir pas été chassée de l’univers onirique de mes nuits.
Enveloppée de brume, je plane entre le ciel et la terre brune.


Francoise Bourdon



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              Le Soleil




Premier tableau


Sous l'astre âpre
Et cru


Une place blanche
Terrible
Et nue


Une forme noire
S'avance


Sous ce blanc


Et la voilà
Elle la femme
De nuit


Qui crie
Et qui
Tombe


Qui tombe
Et qui crie


Sur la place
Se mêlent


Le blanc le noir
Et le rouge





Deuxième tableau


Il a ouvert les yeux
Sous l'astre
Incandescent


Des yeux vides
Immenses
Lucides


La blessure
Ferraille
Sous les paupières


Il a regardé
Le soleil
Noir


En face


La douleur s'effacera
Peut-être




Troisième tableau


Âcreté
Aspérités


Charognes qui passent
Et qui se posent


Désert blanc
Troncs tordus


Comme des doigts
Suppliants


Appels sans échos


Venus du fond des temps
De l'au-delà


Du monde




Quatrième tableau


Les volutes de fumée
S'envolent


Dans le ciel clair
L'air se fait âcre


Et lourd


La petite court sur le chemin
Elle a perdu un soulier


Des gens sortent de leur maison
C'est la ferme à Garcin


Le pauvre gars du coin
Qui brûle


Soleil assassin




Cinquième tableau


Sur l'eau bleue
Du lagon


Le soleil a doucement
Posé sa main


Complice


Et j'ai pleuré




Sixième tableau


Irisation
De la lumière


Qui pulse


Les vacances arrivent
À toutes jambes


Et les enfants absorbent
Les recommandations


Du soleil


Dans la maison fraîche
Sur le dressoir


Les assiettes peintes
S'inclinent


Le jour a coupé
Les volets en deux



Bernadette Behava


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Elle est nichée sur la falaise, ses yeux lumineux écarquillés sur l'horizon.
Il n'y a qu'elle sur ce bout de terre entre ciel et mer. Vigie silencieuse, elle attend.
Elle sait qu'il va venir. Elle a entendu le hennissement des chevaux de mer les babines palpitantes
d'écume, elle a respiré son haleine surchargée de sel et vu le ciel noyé de sang qui annonce son
arrivée.
Silencieuse, elle attend.
Elle sent qu'il s'approche, se rapproche, il grimpe la falaise, engrosse les draps blancs du jardin et
les rideaux frémissent; tout autour d'elle l'herbe tressaille. Il arrive. Il est là.
Il se fait enjoleux, doucereux, la caresse d'abord furtivement de son aile. L'enveloppe, l'enlace,
l'emmitoufle, l'emmitonne, l'emprisonne.
A la radio une femme chante
Vent force 7 à 8
Mer forte et agitée
Grêle et rafales subites
Avis de grand danger
Il souffle, s'enfle, siffle et se met à danser autour d'elle comme un fou . Elle tremble, elle sent le sol
vibrer sous elle. Il souffle pour l'arracher, la soulever, la faire danser.
Elle a peur infiniment peur. Mais elle s'arc-boute, se rive à la terre, arrime sa peur au ciel.
Elle n'est plus qu'un bloc de pierre dure qui résiste de toute sa force, de tous ses murs.
Elle entend la mer qui rugit et les cris d'épouvante des vagues qui se fracassent sur la falaise.
Elle s'accroche, elle s'agrippe, elle tient bon.
Dans un sursaut de colère, il la frappe, la fouette , la gifle. Elle vacille.
Il redouble de violence, se jette sur la porte, griffe les volets, déchire les tuiles.
Les vagues hurlent, l'éclaboussent d'écume.
Elle titube, elle chancelle. Tout devient noir.
Et puis, plus rien. Rien. Le silence. Un silence opaque, compact. L'air soudain est immobile.
Dressée comme un animal aux aguets, elle guette un nouvel, assaut.
Rien. Le silence. Le vent s'est tu. Parti comme il est venu.
Demain comme à chaque fois, on viendra changer les volets, réparer le toit..
Cette fois encore, elle a gagné.
Elle est là, encore , sur sa falaise, elle s'endort , bercée par le chant monotone de la mer.

L.B.

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