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Entre le ciel et la terre brune...
Je n’ai jamais su si du ciel tombe la brume ou, si de la terre s’échappent les volutes fumeuses.
Les écharpes aériennes s’accrochent aux touffes herbeuses, hésitant à ensemencer la terre ou à se dissoudre dans l’espace.
A surprendre dans leur ballet ces créatures mi célestes, mi terrestres, nous avons commencé à croire aux elfes.
J’aime cette gaze mouvante qui donne au paysage cette lumière humide et capricieuse. Au gré de ses vagues elle laisse apparaitre et disparaitre le contour du monde.
Malgré le pressant soleil qui s’annonce, j’ai l’impression de n’avoir pas été chassée de l’univers onirique de mes nuits.
Enveloppée de brume, je plane entre le ciel et la terre brune.
Francoise Bourdon
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Bernadette Behava
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L.B.
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Le Soleil
Premier tableau
Sous l'astre âpre
Et cru
Une place blanche
Terrible
Et nue
Une forme noire
S'avance
Sous ce blanc
Et la voilà
Elle la femme
De nuit
Qui crie
Et qui
Tombe
Qui tombe
Et qui crie
Sur la place
Se mêlent
Le blanc le noir
Deuxième tableau
Il a ouvert les yeux
Sous l'astre
Incandescent
Des yeux vides
Immenses
Lucides
La blessure
Ferraille
Sous les paupières
Il a regardé
Le soleil
Noir
En face
La douleur s'effacera
Peut-être
Troisième tableau
Âcreté
Aspérités
Charognes qui passent
Et qui se posent
Désert blanc
Troncs tordus
Comme des doigts
Suppliants
Appels sans échos
Venus du fond des temps
De l'au-delà
Du monde
Quatrième tableau
Les volutes de fumée
S'envolent
Dans le ciel clair
L'air se fait âcre
Et lourd
La petite court sur le chemin
Elle a perdu un soulier
Des gens sortent de leur maison
C'est la ferme à Garcin
Le pauvre gars du coin
Qui brûle
Soleil assassin
Cinquième tableau
Sur l'eau bleue
Du lagon
Le soleil a doucement
Posé sa main
Complice
Et j'ai pleuré
Sixième tableau
Irisation
De la lumière
Qui pulse
Les vacances arrivent
À toutes jambes
Et les enfants absorbent
Les recommandations
Du soleil
Dans la maison fraîche
Sur le dressoir
Les assiettes peintes
S'inclinent
Le jour a coupé
Les volets en deux
Bernadette Behava
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Elle est nichée sur la falaise, ses yeux lumineux écarquillés sur l'horizon.
Il n'y a qu'elle sur ce bout de terre entre ciel et mer. Vigie silencieuse, elle attend.
Elle sait qu'il va venir. Elle a entendu le hennissement des chevaux de mer les babines palpitantes
d'écume, elle a respiré son haleine surchargée de sel et vu le ciel noyé de sang qui annonce son
arrivée.
Silencieuse, elle attend.
Elle sent qu'il s'approche, se rapproche, il grimpe la falaise, engrosse les draps blancs du jardin et
les rideaux frémissent; tout autour d'elle l'herbe tressaille. Il arrive. Il est là.
Il se fait enjoleux, doucereux, la caresse d'abord furtivement de son aile. L'enveloppe, l'enlace,
l'emmitoufle, l'emmitonne, l'emprisonne.
A la radio une femme chante
Vent force 7 à 8
Mer forte et agitée
Grêle et rafales subites
Avis de grand danger
Il souffle, s'enfle, siffle et se met à danser autour d'elle comme un fou . Elle tremble, elle sent le sol
vibrer sous elle. Il souffle pour l'arracher, la soulever, la faire danser.
Elle a peur infiniment peur. Mais elle s'arc-boute, se rive à la terre, arrime sa peur au ciel.
Elle n'est plus qu'un bloc de pierre dure qui résiste de toute sa force, de tous ses murs.
Elle entend la mer qui rugit et les cris d'épouvante des vagues qui se fracassent sur la falaise.
Elle s'accroche, elle s'agrippe, elle tient bon.
Dans un sursaut de colère, il la frappe, la fouette , la gifle. Elle vacille.
Il redouble de violence, se jette sur la porte, griffe les volets, déchire les tuiles.
Les vagues hurlent, l'éclaboussent d'écume.
Elle titube, elle chancelle. Tout devient noir.
Et puis, plus rien. Rien. Le silence. Un silence opaque, compact. L'air soudain est immobile.
Dressée comme un animal aux aguets, elle guette un nouvel, assaut.
Rien. Le silence. Le vent s'est tu. Parti comme il est venu.
Demain comme à chaque fois, on viendra changer les volets, réparer le toit..
Cette fois encore, elle a gagné.
Elle est là, encore , sur sa falaise, elle s'endort , bercée par le chant monotone de la mer.L.B.
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