mercredi 11 mai 2011

PAYSAGES

Paysage-émotion, paysage-résonnance, paysage-histoire, paysage-monde, paysage-soi... Décrire un paysage réel ou inventé, avec précision, sans en omettre toute la subjectivité.

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Lignes de grève


Le long du cordon d’algues, je dessine du regard les marées montantes.
Au-delà, sur le sable reste gravée la géographie des passants. Se croisent alors les itinéraires sagement éloignés de l’eau et ceux, aventureux, flirtant avec le ressac.
Je suis bientôt hypnotisée par la ligne blanche sans cesse renouvelée, quand je pense en tenir le bout, elle s’échappe pour renaître de la respiration infinie de l’océan.
Peu à peu je gagne des yeux l’immensité ponctuée d’éclats vifs et secs du soleil en morceaux.

Françoise Bourdon

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Dans le car

Elle voyait de la vitre les arbres défiler, et c'était sans fin, et elle se disait qu'il avait raison, le curé, Dieu devait être Tout-Puissant, puisqu'il avait tout créé et ce jusqu'à la dernière feuille. Même les gouttes de pluie qui tombaient des arbres, gouttes qu'elle aurait tant voulu boire, la tête en arrière, même elles, oui, c'était Dieu, il n'avait rien oublié, il avait pensé à tout.
Peu de temps s'était passé, sans doute peu de kilomètres, mais elle avait l'impression, dans ce car brinqueballant qui transportait toute la colo, de traverser d'innombrables frontières, de franchir d'infinis horizons et d'arriver ainsi, à la fin de la journée, de l'autre côté du monde.

En voiture

Elle fut très vite prise de quintes de toux incoercibles. Le paysage entrait dans la voiture, plongeait en elle, finissant par faire partie intégrante de son corps.
Au secours, mes yeux vont tomber par terre à force de ne plus voir que du sable. C'est donc ça, l'enfer.
De chaque pore de sa peau sortait une goutte, elle n'était plus que liquidités-sur-cuir-brûlant.
Elle ouvrait et refermait la bouche spasmodiquement.
Et, pour mieux encore la torturer, en surimpressions, des images de prés, de forêts, de verdure comme autant de mirages.
Dans cette voiture qui filait sur le sol aride devisaient tranquillement ses amis grecs, le poil sec, la peau boucanée, certes, mais tellement à l'aise...

Bernadette Behava

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